« Les hommes doivent comprendre que les femmes occupent une

place unique au sein de la société. Elles peuvent faire ce qu’un

homme ne peut pas faire : donner la vie ».

Sœur Valsala George

Rédaction: Veerle Frissen, photographie: Károly Effenberger

SOEUR VALSALA GEORGE est la Supérieure générale des Sœurs de la Charité depuis 2005. « C’est à l’école, qui était fréquentée majoritairement par des Hindous, que je suis entrée en contact avec des professeurs de catéchisme et que j’ai découvert le Christianisme. Heureusement, mes parents étaient très ouverts d’esprit, même si au début mon père acceptait difficilement mon choix religieux. Dans un pays peuplé à 83 % d’Hindous, choisir la voie du catholicisme n’est pas évident ».

SOEUR VALSALA GEORGE défend les droits des femmes. « Dans de nombreuses régions de l’Inde, la condition de la femme reste difficile, en particulier dans les villes où les femmes sont encore régulièrement victimes de viols (en réunion). Ces dernières années, l’Inde a connu de nombreuses manifestations de masse pour dénoncer ces violences faites aux femmes. Selon moi, les coupables de ces actes terribles n’ont aucun respect pour les femmes. Les hommes doivent renoncer à leur système de pensée patriarcal. Ils doivent comprendre que les femmes occupent une place unique au sein de la société. Elles peuvent faire ce qu’un homme ne peut pas faire : donner la vie ». Je suis religieuse, mais aussi gynécologue. J’ai travaillé dans un hôpital qui prenait en charge les plus pauvres, qui n’avaient nulle part où aller. Souvent, elles avaient accompli un trajet de plusieurs centaines de kilomètres et étaient très mal en point. J’ai rencontré des femmes extrêmement courageuses ».

SOEUR VALSALA GEORGE rêve d’un monde où les hommes et femmes auraient les mêmes droits à l’éducation. « En Inde, lorsqu’un couple a deux enfants, une fille et un garçon, c’est toujours le garçon qui a le droit d’aller à l’école. Nous luttons contre cette injustice. Le changement passe par l’émancipation et l’éducation des femmes. L’alphabétisation renforce la confiance en soi et constitue un premier pas vers l’autonomie financière. Certaines familles pauvres signent des contrats qui font d’elles des esclaves. Cela se produit notamment qu’un membre de la famille doit être hospitalisé. Étant donné que la famille n’a pas d’argent, le père va emprunter la somme nécessaire auprès de son patron à un taux d’intérêt très élevé. Le père de famille devient ainsi l’esclave de son patron. Il doit travailler comme un forçat et vendre sa parcelle de terre pour rembourser son emprunt. Sa femme est totalement impuissante, puisqu’elle ne sait ni lire ni écrire. Ce type de situation dramatique est hélas très fréquent. Nous apprenons aux femmes à acquérir leur autonomie financière à travers le travail manuel, ainsi que l’enseignement de la lecture et de l’écriture. Nous voyons immédiatement la différence ».

SOEUR VALSALA GEORGE est convaincue de l’importance de l’écologie. « Les gens doivent apprendre à être moins dépendants de leur voiture. Je constate que l’écologie gagne du terrain dans le monde entier. Nous prenons progressivement conscience que nous devons préserver la planète. Je suis confiante. Je pense que dans les situations difficiles, l’être humain est capable de réagir et de trouver des solutions créatives. Je crois en l’être humain et à la capacité de petits groupes de personnes de réaliser des choses exceptionnelles. La créativité finit toujours par prendre le dessus ».

SOEUR VALSALA GEORGE n’est pas prête à oublier la décision de la Grande-Bretagne de quitter l’Union européenne. « J’ai très mal vécu le Brexit. En effet, je crois que l’Europe se doit de collaborer comme une seule et même nation, notamment en ce qui concerne la politique de prévention du terrorisme. L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la France est toutefois un signe que les gens sont en attente du changement. Tant que nous sommes disposés à travailler à un objectif commun, le monde avancera sur la bonne voie. Le secret, c’est de rester ouvert à chacun et à tous. En Inde, les religions coexistent en paix. Il y a même un temple qui est utilisé à tour de rôle par plusieurs religions. Le temple accueille les bouddhistes le lundi, les hindouistes utilisent le temple le mardi, tandis que les chrétiens y célèbrent des offices le mercredi, etc. Pour pouvoir rencontrer et découvrir l’autre, il faut renoncer à ses préjugés et avoir réellement envie de se confronter à l’altérité ».

Portrait de sœur Valsala George

Sœur Valsala George est née dans le sud de l’Inde. Elle a fait des études de gynécologie. Depuis près de 12 ans, elle la Supérieure générale des Sœurs de la Charité à Saint-Gilles, Bruxelles.
Lorsqu’elle était enfant, elle a rencontré un aveugle qui n’était pas en mesure de subvenir à ses besoins. Ce soir-là, elle a cueilli des noix de cajou dans le jardin de ses parents, car elle savait que l’homme pourrait en tirer une somme conséquente. Il a refusé les noix. Cette rencontre l’a fortement marquée, et l’a convaincue de la bonté de l’être humain.