Coby Avgoustakis
Gérante, °1976, Maasmechelen
Rédaction et photographie: Veerle Frissen
Point-virgule
Mon moment « Ce tatouage, c’est avant tout le résultat d’un coup de tête. Je suis entrée dans un salon de tatouage qui a ouvert ses portes récemment, à côté mon ancien salon de café. Lorsque je lui ai dit ce que je voulais, le jeune tatoueur a éclaté de rire. Il m’a répondu : « OK, tu as un dessin pour ça ? » Mais lorsque je lui ai raconté mon histoire, il a cessé de rigoler. »
Mon tatouage « Peu après la séparation avec mon mari, j’ai lu un article sur une jeune femme qui avait lancé un mouvement rassemblant des personnes qui se font tatouer un point-virgule comme symbole d’un nouveau départ dans la vie (http://projectsemicolon.com). L’idée lui est venue après le suicide de son père. Le message, c’est qu’il y a toujours une raison de ne pas mettre fin à sa vie. Mon tatouage me le rappelle tous les jours. J’ai encore parfois j’ai du mal à continuer à avancer dans la vie, mais je résiste. À Bruxelles, j’ai rencontré une femme qui portait le même tatouage. Elle n’a rien dit, elle m’a juste serrée dans ses bras. »
Mon histoire « À 10 ans, j’ai soudainement été prise de crises d’anxiété. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’avais en permanence le sentiment d’être exclue. Mon obsession de tout vouloir contrôler a fini par engendrer des troubles obsessionnels compulsifs. À l’âge de 15 ans, j’ai fait une dépression. Mes parents me répétaient : « Arrête ton cinéma ». Ce n’est que plus tard qu’ils ont compris la gravité de la situation. J’ai consulté un psychiatre. Il était très distant et après une consultation d’une heure, il m’a prescrit des antidépresseurs. C’était des pilules dans une boîte bleue. De retour à la maison, je les ai immédiatement mises à la poubelle.
Je me suis jetée dans la musique pour échapper à la réalité. Je vivais dans deux mondes séparés. Tout le monde me disait que j’avais du talent, mais jouer du piano n’était qu’un moyen de fuir. Personne ne savait que j’étais morte de peur sur scène. À l’âge adulte, les choses n’ont fait qu’empirer. Quelques années plus tard, ma mère est morte et je suis séparée du père de mon merveilleux fils qui souffre malheureusement d’une maladie au cœur. Après son opération à cœur ouvert à l’âge de 7 ans, j’ai fait une grave dépression. »
Mon engagement « Les gens me connaissent comme une femme très positive et dynamique. Cependant, c’est un masque. À présent, j’ai la force de dire à tout le monde que ce n’est pas grave de ne pas se sentir heureux tous les jours. Ce n’est pas un problème, de se sentir différent. Je veux pouvoir parler ouvertement de la dépression, car ce sujet est encore trop souvent tabou. Mon tatouage m’aide à parler de la dépression. »